Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1716.04.12)

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Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1716.04.12
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 87*
Fussnote



File icon.gif Monsieur mon Treshonnoré Patron.

Voicy une Lettre de M.r vôtre fils, que je vien de recevoir hier au soir par les mains de M.r Schweizer, qui a rebroussé chemin.[1] Vous y verrés, que son Compagnon M.r Bavier luy a donné argent comptant consistant en 8 Louid'ors vieux, c'est à dire 8 Louisdors ordinaires, un moment aprés que j'ay recû la Lettre M.r Wertmiller[2] m'envoya le reçu de M.r votre fils soussigné de Sa main propre, que je vous aurois envoyé en même temps, mais je l'epargneray jusques à la premiere poste, car pendant ces deux jours de Paque je ne puis pas payer M.r Wertmiller, ce qui sera fait Mardi prochain, alors je vous enverray le billet soussigné et absolu. Je me suis bien imaginé qu'il aura besoin à peu prés de cette Somme, encore at il fait son voyage à fort bon marché, car moy même, j'ay consumé par la voye du droit chemin depuis Zuric jusques à Venise passé 50 Ecus. Et je compte qu'il aura à peuprés 2 à 3 Louisd'ors de reste quand il sera arrivé à Venise, ce qui sera êté à peuprés Vendredy Saint.

Je vay maintenant repondre à votre treschere derniere.[3] J'ay deja fait beaucoup de reflexions sur la longue durée de l'hyver, qui nous derobe le Printems quasi tout entier, et bien qu'il fasse beautemps à present, les matinées sont File icon.gif encore fort rudes chés nous, ayants des gelées continuelles: On m'assure pourtant que toute cette rigueur n'a encore fait aucun mal aux Vignes, mais bien craint on pour les bléds etc. specialement ceux qui ont êté sur les hauteurs. Le bon Dieu aye pitié des pauvres paysans, qui par là se reduiroient à une tres grande misere. On me dit qu'il y a un Astrologue en Italie, qui veut assurer qu'une seule Etoile est encore la cause que nous aurons un Esté; Il est tres bon qu'il ne l'a pas nommé, car je crains que la pluspart de nos gens seroit tombé dans une Idolatrie criminelle, je remarque pourtant que cette etoile est une espece d'un Dieu inconnu des Atheniens. Il vaudroit beaucoup mieux de baptiser une bonne Etoile de cette nature, qui marque tant d'amour et d'inclination pour le genre humain, et dire que Phaeton aprés être enfuy avec le Char du Soleil,[4] a êté ramené par Mercure ou quelque autre extravagant des Divinités payennes. J'ay eu l'occasion hier de tomber par hazard dans un Discours sur cette matiere avec un Sçavant de nos gens, qui me voulut soûtenir que quand on fairoit des observations exactes de la disposition de nôtre Atmosphere en des telles ou telles dispositions des Astres, on pourroit enfin avoir quelque chose de certain, supposant que l'Influence des Astres les plus eloignés n'êtoit pas un songe, mais quelque chose de réel. Je luy disois d'abord que sans doute File icon.gif avec le retour des mêmes constitutions des Astres, les mêmes dispositions de l'Air et des tempêtes etc. devroient s'en retourner aussy, et même jusques aux moindres particularités; ce qu'il m'avoua sans difficulté, mais l'ayant demandé en combien de temps et des Années qu'il croyoit que les mêmes dispositions qui sont dans un certain jour par exemple, reviendront, il borna leurs nombre a fort peu de chose, sur cela j'ay trouvé bon de luy faire voir à peu prés, que cela ne se pouvoit pas faire dans un Espace même de plusieurs Siecles, de ce seul raisonnement il êtoit obligé[5] de baisser le pavillon, et de confesser que toute cette belle art n'etoit que fumée. Je n'ay pas pû manquer d'ajouter à tout cela, que si les Astres sont cause ou Significations de ce qui doit arriver, qu'il suit de là necessairement[6], que nôtre Ecole, qu'on a voulu reformer, sans pouvoir venir à bout,[7] ou à quelque chose de réel, restera dans ce miserable Etat encore des milliers d'années, je l'ay voulu toucher par là seulement legerement, cet homme ayant eû bonne part aussy dans ce fichu manege. Voila des beaux discours, dont j'ay l'honneur de vous entretenir.

Je suis ravy si nôtre Mercure François,[8] rien moin que françois, a sçu gagner le coeur de Vos Messieurs, il semble que touts les Elements luy sont favorables, et qu'ils favorisent ses negociations, il est bon que la langue n'est File icon.gif pas dans le nombre des Elements, car celuy là seul luy seroit contraire, ainsy il n'a qu'à provoquer aux autres; Je prie les Astres et tout ce qui paroit beau qu'il ne soit pas demandé à Paris s'il scait jouër aux Echecs, mais sans cela, j'ay peur qu'il n'aye la même destinée de ceux qui ne sçavent pas le jeu dans tout ce qu'il entreprendra: En effet il vaudroit beaucoup mieux d'employer ce port de lettre excessiv, à quelque banquets, qui rempliroient le ventre à beaucoup de personnes, au lieu que cela ne produira pas seulement un grain de froment. S'il ne veut point haranguer à Paris, il n'a qu'à faire comme fit autrefois un de nos gens envoyé à la Cour de France, qui ne pouvant pas en personne avoir l'honneur de livrer sa Lettre au Roy, l'attendoit à l'antichambre en allant à la Chapelle, alors toussant premierement à haute lute crioit à toute force Sire j'ay une Lettre pour Vous.

Si mes Lettres peuvent faire du plaisir à Madame Ses bienveuillances pour Son treshumble Serviteur sont encore beaucoup plus grandes, et ma joye bien plus réelle, j'en suis assuré: Mais rien au monde me peut rejouir d'avantage, que quand vous êtes persuadé que je suis veritablement Monsieur et Cher Patron Votre tres humble et tresobeïssant Serviteur D.r J. Scheuchzer.

Zuric en hate ce 12.e Avril 1716.


Fussnoten

  1. Ein Brief von Nicolaus II Bernoulli an Johannes Scheuchzer oder an Johann I Bernoulli aus dieser Zeit ist nicht bekannt.
  2. Diese Person konnte bisher nicht identifiziert werden. Es könnte sich um Hans Rudolf Werdmüller (1659-1731) oder Bernhard Werdmüller (1667-1749) handeln.
  3. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1716.04.08.
  4. Phaëton ist in der griechischen Mythologie der Sohn des Sonnengottes Helios und der glücklose Lenker von dessen Sonnenwagen.
  5. Im Manuskript steht "obliger".
  6. Im Manuskript steht "necaisserement".
  7. Siehe die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.02.09.
  8. Hans Wilpert Zoller, Gesandter Zürichs nach Paris.


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