1732-08-19 Bernoulli Johann I-Maupertuis Pierre Louis Moreau de: Unterschied zwischen den Versionen

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Vous devés avoir reçs avoir reû ma lettre d'avanthier,<ref>[Text folgt]</ref> à peine fut elle partie qu'on me livra la votre du 12.<sup>e</sup> de ce mois,<ref> </ref>ecrite en faveur de Mr. Clairaut qui voulut bien m'ecrire aussi et dont je reçu la lettre avec la votre.<ref>[Text folgt]</ref> Je ne connois deja que trop le merite de ce jeune Homme, et c'est justement ce qui me cause la plus grande difficulté de recevoir une telle Personne pour Eleve, qui me couvriroit indubitablement de honte et de confusion, quand je verrois que le disciple a plus de lumiere que le Maitre. Je sais par votre exemple, combien il m'a couté de peine, quand il m'a fallu produire quelque chose qui fût digne de vous et que Vous ne sçvous et que Vous ne sûsiés pas déja mieux que moi, l'heure de la leçon où il falloit vous expliquer ce que j'avois medité, quelque penible que cela fut, pour m'en aquiter avec honneur, n'étoit rien en comparaison de la torture que me donnoit la préparation à y faire d'une leçon à l' autre, souvent une partie de la nuit avec le jour ne me suffisoit pas pour les meditations<ref>Im Manuskript steht "medidation"</ref> necessaires; ma memoire s'affoiblit extremement avec l'age et l'esprit devient si stupide, [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] qu'il me faut faire des efforts extraordinaires, pour rattraper ce que j'avois trouvé autre fois dans la vigueur de mon age avec beaucoup de facilité; j'ai eu honte de vous le declarer, mais enfin je suis reduit à vous dire nettement que je ne suis plus celui qui j'etois il y a 30 ou 40 ans, quantum mutatus ab illo!<ref>Vergil, Aeneis, II, 274</ref> outre cela vous savés Monsieur que mon corps est usé et valetudinaire, sujet à la goute et à d'autres infirmités, ensorte que le repos me seroit fort necessaire. Tout cela bien consideré, vous devroit insp[ire]r de la compassion pour moi: Si j'avois eté placé dans un endroit illustre, qui m'eut procuré quelque fortune, j'aurois travaillé avec plus de plaisir et sans doute j'aurois mieux conservé la force de l'esprit et du corps, mais recoigné comme je suis dans cet angle d'obscurité,<ref>Hier folgt im Manuskript mit Bleistift eingeklammert und durchgestrichen "(où on n'estime ni sçience ni vertu,)".</ref> j'ai le coeur rongé et je perds tout le courage, voyant qu'avec tout son savoir on est obligé de trainer sa vie. Dans la misere et qu'au lieu d'acquerir une meilleure fortune, on se ruine par la perte continuelle de ses biens. Bref je souhaiterois que vous detournassiés Mr. Clairaut de son dessein: aussi ne pouroi-je lui montrer que ce [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] que je vous ai deja communiqué et que vous pouriés Lui communiquer aussi sans moi, comme je ne vous ai rien caché, je n'aurois rien de nouveau pour Lui que peu de chose qui me sont venu dans l'esprit depuis votre depart, et que j'ai voulu garder pour vous seul. Mais si avec tout cela vous voulés qu'il en soit aussi particip[a]nt par une amitié singuliere que vous avés pour Lui, je veux bien permettre pour l'amour de vous qu'il vienne ici, où il pourra occuper votre ancien logement; cependant il fera mieux de differer son voyage jusqu'au printemps prochain, de peur que la goute qui me prend ordinairement dans l'Automne et dans l'Hyver ne me rende incapable de lui étre de quelque utilité; je Lui dis la meme chose dans ma lettre, que je lui adresse aussi en reponse de la sienne;<ref>[Text folgt]</ref> En attendant si je me portois mieux que je n'ai lieu d'esperer, je pourois employer cet intervalle à composer un discours sur la question de l'Academie. Je suis au reste avec la plus parfaite estime, Monsieur Votre etc.  
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Vous devés avoir reçû ma lettre d'avanthier,<ref>[Text folgt]</ref> à peine fut elle partie qu'on me livra la votre du 12.<sup>e</sup> de ce mois,<ref> </ref>ecrite en faveur de Mr. Clairaut qui voulut bien m'ecrire aussi et dont je reçu la lettre avec la votre.<ref>[Text folgt]</ref> Je ne connois deja que trop le merite de ce jeune Homme, et c'est justement ce qui me cause la plus grande difficulté de recevoir une telle Personne pour Eleve, qui me couvriroit indubitablement de honte et de confusion, quand je verrois que le disciple a plus de lumiere que le Maitre. Je sais par votre exemple, combien il m'a couté de peine, quand il m'a fallu produire quelque chose qui fût digne de vous et que Vous ne sçûsiés pas déja mieux que moi, l'heure de la leçon où il falloit vous expliquer ce que j'avois medité, quelque penible que cela fut, pour m'en aquiter avec honneur, n'étoit rien en comparaison de la torture que me donnoit la préparation à y faire d'une leçon à l' autre, souvent une partie de la nuit avec le jour ne me suffisoit pas pour les meditations<ref>Im Manuskript steht "medidation"</ref> necessaires; ma memoire s'affoiblit extremement avec l'age et l'esprit devient si stupide, [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] qu'il me faut faire des efforts extraordinaires, pour rattraper ce que j'avois trouvé autre fois dans la vigueur de mon age avec beaucoup de facilité; j'ai eu honte de vous le declarer, mais enfin je suis reduit à vous dire nettement que je ne suis plus celui qui j'etois il y a 30 ou 40 ans, quantum mutatus ab illo!<ref>Vergil, Aeneis, II, 274</ref> outre cela vous savés Monsieur que mon corps est usé et valetudinaire, sujet à la goute et à d'autres infirmités, ensorte que le repos me seroit fort necessaire. Tout cela bien consideré, vous devroit insp[ire]r de la compassion pour moi: Si j'avois eté placé dans un endroit illustre, qui m'eut procuré quelque fortune, j'aurois travaillé avec plus de plaisir et sans doute j'aurois mieux conservé la force de l'esprit et du corps, mais recoigné comme je suis dans cet angle d'obscurité,<ref>Hier folgt im Manuskript mit Bleistift eingeklammert und durchgestrichen "(où on n'estime ni sçience ni vertu,)".</ref> j'ai le coeur rongé et je perds tout le courage, voyant qu'avec tout son savoir on est obligé de trainer sa vie. Dans la misere et qu'au lieu d'acquerir une meilleure fortune, on se ruine par la perte continuelle de ses biens. Bref je souhaiterois que vous detournassiés Mr. Clairaut de son dessein: aussi ne pouroi-je lui montrer que ce [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] que je vous ai deja communiqué et que vous pouriés Lui communiquer aussi sans moi, comme je ne vous ai rien caché, je n'aurois rien de nouveau pour Lui que peu de chose qui me sont venu dans l'esprit depuis votre depart, et que j'ai voulu garder pour vous seul. Mais si avec tout cela vous voulés qu'il en soit aussi particip[a]nt par une amitié singuliere que vous avés pour Lui, je veux bien permettre pour l'amour de vous qu'il vienne ici, où il pourra occuper votre ancien logement; cependant il fera mieux de differer son voyage jusqu'au printemps prochain, de peur que la goute qui me prend ordinairement dans l'Automne et dans l'Hyver ne me rende incapable de lui étre de quelque utilité; je Lui dis la meme chose dans ma lettre, que je lui adresse aussi en reponse de la sienne;<ref>[Text folgt]</ref> En attendant si je me portois mieux que je n'ai lieu d'esperer, je pourois employer cet intervalle à composer un discours sur la question de l'Academie. Je suis au reste avec la plus parfaite estime, Monsieur Votre etc.  
  
 
Bâle ce 19. Aoust 1732.  
 
Bâle ce 19. Aoust 1732.  

Version vom 13. August 2010, 16:50 Uhr


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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Ort Basel
Datum 1732.08.19
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 662, Nr.24
Fussnote Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. de Maupertuis"



File icon keinbild.gif Monsieur

Vous devés avoir reçû ma lettre d'avanthier,[1] à peine fut elle partie qu'on me livra la votre du 12.e de ce mois,Referenzfehler: Ungültige Verwendung von <ref>: Der Parameter „ref“ ohne Namen muss einen Inhalt haben.ecrite en faveur de Mr. Clairaut qui voulut bien m'ecrire aussi et dont je reçu la lettre avec la votre.[2] Je ne connois deja que trop le merite de ce jeune Homme, et c'est justement ce qui me cause la plus grande difficulté de recevoir une telle Personne pour Eleve, qui me couvriroit indubitablement de honte et de confusion, quand je verrois que le disciple a plus de lumiere que le Maitre. Je sais par votre exemple, combien il m'a couté de peine, quand il m'a fallu produire quelque chose qui fût digne de vous et que Vous ne sçûsiés pas déja mieux que moi, l'heure de la leçon où il falloit vous expliquer ce que j'avois medité, quelque penible que cela fut, pour m'en aquiter avec honneur, n'étoit rien en comparaison de la torture que me donnoit la préparation à y faire d'une leçon à l' autre, souvent une partie de la nuit avec le jour ne me suffisoit pas pour les meditations[3] necessaires; ma memoire s'affoiblit extremement avec l'age et l'esprit devient si stupide, File icon keinbild.gif qu'il me faut faire des efforts extraordinaires, pour rattraper ce que j'avois trouvé autre fois dans la vigueur de mon age avec beaucoup de facilité; j'ai eu honte de vous le declarer, mais enfin je suis reduit à vous dire nettement que je ne suis plus celui qui j'etois il y a 30 ou 40 ans, quantum mutatus ab illo![4] outre cela vous savés Monsieur que mon corps est usé et valetudinaire, sujet à la goute et à d'autres infirmités, ensorte que le repos me seroit fort necessaire. Tout cela bien consideré, vous devroit insp[ire]r de la compassion pour moi: Si j'avois eté placé dans un endroit illustre, qui m'eut procuré quelque fortune, j'aurois travaillé avec plus de plaisir et sans doute j'aurois mieux conservé la force de l'esprit et du corps, mais recoigné comme je suis dans cet angle d'obscurité,[5] j'ai le coeur rongé et je perds tout le courage, voyant qu'avec tout son savoir on est obligé de trainer sa vie. Dans la misere et qu'au lieu d'acquerir une meilleure fortune, on se ruine par la perte continuelle de ses biens. Bref je souhaiterois que vous detournassiés Mr. Clairaut de son dessein: aussi ne pouroi-je lui montrer que ce File icon keinbild.gif que je vous ai deja communiqué et que vous pouriés Lui communiquer aussi sans moi, comme je ne vous ai rien caché, je n'aurois rien de nouveau pour Lui que peu de chose qui me sont venu dans l'esprit depuis votre depart, et que j'ai voulu garder pour vous seul. Mais si avec tout cela vous voulés qu'il en soit aussi particip[a]nt par une amitié singuliere que vous avés pour Lui, je veux bien permettre pour l'amour de vous qu'il vienne ici, où il pourra occuper votre ancien logement; cependant il fera mieux de differer son voyage jusqu'au printemps prochain, de peur que la goute qui me prend ordinairement dans l'Automne et dans l'Hyver ne me rende incapable de lui étre de quelque utilité; je Lui dis la meme chose dans ma lettre, que je lui adresse aussi en reponse de la sienne;[6] En attendant si je me portois mieux que je n'ai lieu d'esperer, je pourois employer cet intervalle à composer un discours sur la question de l'Academie. Je suis au reste avec la plus parfaite estime, Monsieur Votre etc.

Bâle ce 19. Aoust 1732.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. Im Manuskript steht "medidation"
  4. Vergil, Aeneis, II, 274
  5. Hier folgt im Manuskript mit Bleistift eingeklammert und durchgestrichen "(où on n'estime ni sçience ni vertu,)".
  6. [Text folgt]


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