Bernoulli, Johann I an Maupertuis, Pierre Louis Moreau de (1733.02.05)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Maupertuis, Pierre Louis Moreau de, 1698-1759
Ort Basel
Datum 1733.02.05
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur BS UB, Handschriften. SIGN: L Ia 662, Nr.29
Fussnote Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. de Maupertuis". Datum eigenhändig. Eigenhändige Korrekturen und Zusätze. Letztes Blatt leer



File icon keinbild.gif Monsieur

Je ne sçai par quelle fatalité il arrive depuis quelque Temps, que nos Lettres se croisent, ce qui fait qu'il n'y a point de reponse de l'une à l'autre: La votre derniere etoit du 5.e Janv. et la mienne du lendemain 6.e.[1] Je souhaite que les voeux, que nous nous y fimes reciproquement à l'occasion du nouvel an, s'accomplissent et ayent leur effet au double. Vous ne m'avés jamais rien dit touchant mes reflexions sur vos Solutions du Probleme de M.r Cramer et de celui, que vous y aviés ajouté plus curieux, que le premier; est ce peutetre que je m'etois trompé dans mes additions, sans me le vouloir dire pour m'epargner la honte? si cela étoit, vous n'auriés qu'à me le dire librement, car je n'ai pas honte à l'avenir d'étre corrigé de vous.

Dans ma dite lettre du 6.e Jan. il y avoit une incluse de M.r Moula, qui partit peu de jours aprés pour Berlin, où il arrivera bientot, s'il n'y est déja: il se chargea de votre livre pour le Collecteur des Actes de Leipsic, accompagné d'une de mes lettres au meme,[2] par laquelle je le prie d'en faire faire au plutot un extrait pour l'inserer dans les actes: J'ai recommendé fortement à M.r Moula d'avoir soin que le paquet soit remis promtement et en toute secreté au dit Collecteur.

Je crois comme Vous Monsieur, qu'en expliquant en Physicien les inclinaisons et les noeuds des Orbites, ce sera assés qu'en general les choses quadrent: Car on ne pretend autre chose dans le Programme, que de donner la cause physique de ces inclinaisons; c'est aux Observateurs, d'en determiner les quantités par leurs observations, dont un Physicien ne se mele pas; Ainsi je me contenterai d'exposer mes raisonnements, sans entrer dans le detail de ce qui depend purement des observations, quand je m'en servirai pourtant de quelques unes, que je trouverai dans des livres, ce ne sera que pour confirmer mon Systeme. Pour me conformer à votre intention, je ne vous adresserai pas ma piece, puisque vous croyé qu'étant un des Commissaires, cela ne convient point: dites moi au moins, si je dois l'envoyer directement à M.r de Fontenelle ou l'adresser à Mr. le C. d'Onsembrai pour epargner le port, peutetre que Mr. de Fontenelle[3] est en droit de mettre ces Sortes de depenses sur le compte de l'Academie au quel cas il ne sera pas scrupuleux de recevoir par la poste des paquets qu'on Lui adresse en qualité de Secretaire de l'Academie. J'aurois fortement souhaité que vous pûssiés lire ma piece, avant qu'elle[4] fût vüe par quelqu'autre et cela pour deux raisons: 1.o Parce que je crains que ma composition en françois ne soit ridicule en plusieurs endroits, surtout où je dois traiter des Choses abstraites et où souvent je ne trouve pas des termes File icon keinbild.gif convenables en françois pour exprimer mes idées. 2.o Parce que je suis embarassé sur la maniere d'en agir avec M.r de Mairan, que je voudrois bien menager autant qu'il m'est possible, pour ne le point mettre en mauvaise humeur contre moi. Ou faudroit il peutetre affecter le silence et ne rien dire absolument sur sa Methode d'expliquer la rotation journaliere des Planetes? ne scachant si ce dernier expedient ne le facheroit pas peutetre d'avantage, parce qu'il le pourroit prendre pour un mepris: voilà ce qui me tient à coeur; dites moi, je vous en prie, ce que vous feriés, si vous etiés dans ma situation: La qualité de Commissaire, je croi, ne vous empeche pas de me communiquer votre sentiment là dessus.

Connoissés vous, Monsieur, un certain M.r l'Abbé de Gua? J'ai reçû de Lui au commencement de cette année par la poste une grande Lettre avec un Ecrit in folio de deux feuilles,[5] où il m'expose ses Solutions de deux Problemes, dont la premiere, dit il, lui ayant été contestée[6] par un autre Mathematicien, qu'il ne me nomme pas, en présence d'une Compagnie fort nombreuse, ils vinrent à faire une gageure, sans m'en dire de combien, et convinrent à me prendre pour leur Arbitre: Il s'agisioit de l'équation de Riccati , dont M.r de Gua prétendoit pouvoir donner les conditions d'Integrabilité pour un cas au moins par l'application de ma Regle exposée dans le Comment. de Petersb. Tom. I pour integrer toutes les equations canoniques, sans en separer les indeterminées. L'Antagoniste de M.r de Gua, ne contestant pas la Methode, soutenoit seulement que son application étoit fautive: bref, ils me demanderent ma decision. Quoique j'eusse souhaité[7], qu'on m'epargnat d'une telle commission qui m'importune beaucoup, je n'ai pas laissé de repondre à M.r l'Abbé, en le priant d'en déferer le jugement à quelque Analyste de Paris, vû qu'il y en avoit presentement de fort excellents; je Leur aurois meme proposé votre Personne, si j'avois cru que cela vous feroit plaisir, je lui ai dit en outre, qu'il y auroit trop à ecrire, pour expliquer toutes les raisons de ma decision, et qu'on[8] feroit cela de bouche beaucoup plus commodément, que par lettre: Cependant pour ne le laisser pas tout à fait sans une reponse decisive, je lui ai montré, qu'il s'étoit effectivement trompé dans le calcul de son application, et encore qu'il avoit fait certaines suppositions qui ne quadroient pas. L'autre pretendue Solution de M.r de Gua regarde le probleme de mon fils proposé dans les journeaux de Leipsic, où il s'agit de determiner la Courbe par laquelle un corps doit remonter pour que l'arc employé à perdre une certaine vitesse soit égal à la hauteur verticale, dont il lui auroit fallu tomber pour en acquerir une egale (le milieu etant supposé comme le quarré des Vitesses). C'est dans ces termes que M.r de Gua la propose: Il en donne une analyse, mais que je n'entends pas trop bien; je ne sçai si c'est faute de mon peu d'attention, ou à cause de l'obscurité de l'Auteur: il conclud bien, en disant que la Courbe cherchée est la Tractoire de Mr. Huguens, mais a-t-il peutetre oüi dire ou appris de quelque autre, que cette courbe satisfait à la question, et est ce peutetre, qu'il a accommodé ensuite son analyse ou plutot l'a-t-il forcées à produire la veritable courbe,[9] comme font quelque fois ceux qui veulent paroitre avoir fait quelque chose lorsqu'ils n'ont rien fait. Au moins ce qui me fait soupçonner, que ce n'est qu'une bravade, c'est qu'il pretend fort cavalierement[10], qu'il peut resoudre le probleme File icon keinbild.gif dans l'hypothese generale de la resistance proportionelle à , c'est à dire, à une puissance quelconque de la vitesse. Or vous savés Monsieur, que ce Probleme est fort delicat et un des plus difficiles, dont la solubilité est comme attachée à l'hypothese particuliere de la resistance proportionelle au quarré de la vitesse: Cette seule reflexion me rend fort suspecte la Methode vantée de notre M.r L'Abbé; Vous decouvrirés peutetre le pot aux roses.

Il n'y a que peu de jours que j'ai reçû une lettre de mon Fils le Prof. à Petersb.:[11] il compte toujours d'en partir en peu de mois et de passer à son retour par Paris; voici ce qu'il m'ecrit à votre Egard: 1.o Il me prie de vous faire ses tres humbles compliments. 2.o Qu'il est ravi, que vous ayés bien reçu la Grammaire Chinoise. 3.o Qu'il aura l'honneur de vous présenter lui meme le 3.me tome des Comment. de Petersb. à son arrivé à Paris, qu'en attendant il vous supplie de ne point songer au payement pour ces petitesses, qui ne sont rien, dit il, en comparaison de toutes vos honnetetés faites à notre famille. 4.o Qu'il est bien marri de voir, que vous ayés fait si peu d'attention à son invitation d'aller à Petersbourg, pour y passer quelques mois d'été, où vous auriés sejourné le plus agreablement du monde et avec beaucoup de satisfaction sans le moindre Soin ni souci de rien, puis qu'il se seroit chargé de tout ce qu'il auroit fallu pour vous procurer du plaisir. 5.o Qu'il est fort mortifié que vous le jugiés capable ou assés indiscret pour donner à leur Academie de fausses impressions touchant vos savantes remarques sur leurs commentaires; qu'il vous assure, de n'en avoir parlé à qui que ce fut, si ce n'est ce qu'il vous en a ecrit à vous meme seulement en badinant; qu'il n'en pouroit ecrire autrement, puisqu'il ne savoit rien de positif de votre dessein, si non qu'il avoit appris de moi en general, que vous aviés entrepris de faire une docte Relation des Ouvrages de Petersb. pour en rendre compte à votre Academie; Que M.r de L'Isle lui avoit dit peu auparavant, avoir reçû des Lettres de Paris, où on lui mandoit (sans nommer personne) que quelqu'un à Paris se mettoit à faire une recherche de ce qu'il y avoit dans les Commentaires de Petersb. dans la vüe d'en faire le rapport à la compagnie de L'Academie. Que cependant, si son innocent badinage vous à offensé, il en doit conclure, que son coeur vous est encore aussi inconnu que sa Personne, et par consequent qu'il est difficile d'etablir une sincere correspondence entre deux Personnes, qui ne se connoissent pas de vüe. Que neant moins il ne veut pas attribuer à cela la cause de votre silence sur sa derniere lettre, d'autant qu'il connoissoit déja suffisament vos obligeantes et genereuses manieres, dont il étoit charmé, qualités aimables, qu'il préferoit infiniment à toutes les sciences. etc.

J'ai voulu rapporter tout ce detail, parce que mon fils m'a prié instamment de n'en rien oublier; mais à son arrivée il s'en expliquera sans doute plus clairement. Mr. Clairaut, à qui je repondis dimanche passé, sur la solution qui me paroit tres bonne du Probleme de la plus courte ligne sur une surface courbe donnée, m'a laissé entrevoir à ce qui me semble, d'avoir changé de resolution de faire le voyage de Bale; La raison en pourroit bien étre la mort de son frere, qu'il m'a notifiée: peutetre aussi que ses Parens craignent qu'il File icon keinbild.gif ne lui arrivat quelque fatalité pendant son absence: Ce qui acheve de me persuader, qu'il a quitté son dessein de venir ici; c'est qu'il m'a prié de lui permittre qu'il vous demande la communication des ecrits que vous pouvés avoir de moi. Je lui ai repondu sur ce point, que vous étes le Maitre, à qui il Lui faudroit s'adresser, sans me demander mon consentement, que je n'ai plus rien à pretendre à ce dont je vous ai mis en possession: Ainsi il ne depend que de vous, de lui accorder tout ce que vous voudrés.

Pour remettre notre correspondence en ordre, j'attendrai de vous une reponse sur cette lettre, avant que de vous en ecrire une autre, supposé meme que j'en reçusse une de vous en reponse de ma precedente.[12] Je suis au reste avec un attachement inviolable Monsieur Votre tr. humb. et tr. ob. serv.r J. Bernoulli.

Bale ce 5. Fevr. 1733.[13]


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. Der Abschnitt von "ou l'adresser" bis hierhin findet sich im Manuskript am unteren Rand der Seite.
  4. Im Manuskript steht "q'elle".
  5. [Text folgt]
  6. Im Manuskript steht "contestéa".
  7. Im Manuskript steht "souchaité".
  8. Im Manuskript steht "q'on".
  9. Die Textpassage von "cherchée" bis hier ist von Johann I Bernoulli im Manuskript an den unteren Rändern von p. 2 und p. 3 eigenhändig hinzugefügt.
  10. Im Manuskript steht "calarierement"
  11. [Text folgt]
  12. [Text folgt]
  13. Das Datum ist von Johann I Bernoulli am Briefkopf eigenhändig nachgetragen.


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