Bernoulli, Johann I an Burnet, William (1712.03.05)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Burnet, William, 1688-1729
Ort Basel
Datum 1712.03.05
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 654, Nr.9
Fussnote Datum am Briefende eigenhändig



File icon.gif Monsieur

Votre long silence m'avoit fait croire que Vous n'aviez peutetre pas reçû ma derniere lettre que je Vous ecrivis il y a environ un an;[1] mais j'ay eté bien aise de voir par la Votre du 20 Novembre 1711[2] que je m'y etois trompé. Je vous ay bien de l'obligation de la peine que Vous avez voulu prendre de m'envoyer le lambeau de la piece de Mr. Craige, où il avoue le paralogisme qu'il a commis dans la solution du probleme de la transformation des courbes en donnant la meme courbe pour une differente, et où il reconnoit que j'ay satisfait à ses objections contre mon motum reptorium: Je serois content de cette reparation que Mr. Craige pretend me donner par là, s'il en avoit usé de plus de sincerité, car outre que cette declaration est fort cavaliere, personne ne pouvant deviner ce qu'il veut dire, il passe sous silence le principal, qui est que sa methode pretendue pour transformer les courbes est fautive et que la mienne seule est bonne, d'où il suit qu'il n'a pas resolu ce probleme qu'il a cru si facile, et que les solutions qu'il en donna en deux differentes reprises de plus de deux ans d'intervalle, n'etoient que de purs paralogismes; en un mot il devoit reconnoitre formellement non seulement son erreur mais aussy son impuissance, et me rendre justice en m'attribuant à moy seul la gloire de la veritable solution tres exacte et tres geometrique. Quant au reste je ne verray peutetre pas de longtemps sa maniere generale de former les logarithmes, que Vous dites qu'elle paroitra dans les Actes de Leipzic, parceque je ne reçois plus si regulierement ces Actes là: il y a fort longtemps que je n'en ay rien vu.

Avant que d'avoir reçu Votre lettre, je ne sçavois pas encore que l'affaire de Leyde s'en etoit allé en fumée; car Mr. de S'Gravensande ne m'a pas repondu sur ma derniere lettre, que je Luy ay ecrite lorsque je Vous ecrivis aussy la derniere fois, ensorte que je ne pouvois pas sçavoir ce qui s'etoit passé au sujet de ma vocation, je suis bien aise de sçavoir en fin File icon.gif où j'en suis, pour pouvoir mettre mon esprit en repos; car pour Vous dire franchement, la promesse que je Vous ay donnée d'accepter la vocation avec un apointement de mille ecus, m'auroit peutetre embarassé quand il me l'auroit fallu executer, d'autant que mon Beaupere, pour l'amour duquel nous quittames l'autrefois la Hollande et qui par consequent ne nous auroit pas laissé aller si facilement une seconde foy, etoit encore en pleine vie; quoique pourtant il mourut peu de temps aprez, et m'a laissé ainsi dans la pleine liberté de faire tout ce que je voudrois. Me voyla donc en etat plus que jamais d'embrasser une condition favorable, c'est pourquoy si Vous jugez à propos je Vous le permets de faire encore une tentative, pour voir si Messr. de Leyde me voudront bien offrir les avantages que Vous m'aviez fait esperer: on continuera peutetre d'alleguer la misere du temps, mais sera-t-elle bien monté à un si haut degrez, que le seul Professeur des Mathematiques n'y puisse plus trouver sa subsistance, quoy qu'il en soit voycy la paix qui approche, et qui ramenera l'abondance; j'attendray donc jusqu'à ce temps là, peutetre que les arts et les sciences refleuriront, et qu'on poura employer avec succés mes petits services, au quel cas je serois pret à suivre ma destinée moyennant un traitement raisonnable: j'espere au moins que le bon Dieu ne me reduira pas à un etat d'aller chercher en Hollande un sort moins avantageux que celuy que j'ay abandonné, et qu'on m'y a offert depuis plus d'une fois.

Je Vous suis obligé de la communication de Vos nouvelles litteraires et des experiences faites chez Vous, je les trouve curieuses: Le livre de Mr. de Moyvre sur le hazard[3] sera sans doute excellent, le genie de l'Auteur m'etant tres bien connu; Je voudrais sçavoir si la seconde edition des Principes de Philosophie naturelle de Mr. Newton[4] n'est pas encore achevée d'imprimer; il y a bien du temps qu'on parle de cette seconde edition, je suis impatient au dernier point de la voir; si Vous avez envie de me faire un plaisir singulier, c'en sera un, si Vous m'en procurez au plutot un exemplaire avec un autre du livre de Mr. de Moyvre, en cas que celuycy soit aussy achevé; je payeray le prix de ces deux livres à Mr. s'Gravensande qui pourra Vous remettre l'argent. Il y a tres longtemps que j'ay ecrit la derniere fois File icon.gif à Mr. de Moyvre, sans qu'il m'ait repondu encore; ne pourriez Vous pas Vous informer s'il a reçu ma lettre. Le bon souvenir dont Mr. Newton m'a bien voulu honorer m'a fait un sensible plaisir, je Vous prie d'assurer reciproquement ce Grand Homme de l'estime et de l'idée ineffaçable que j'ay pour luy; Je remercie aussy Messr. Craige et Cheines de leurs compliments, je Vous prie de leur faire pareillement les miens: Vous demanderez à ce dernier s'il n'a pas encore du repentir de ce qu'il m'a traité si indignement dans sa derniere lettre, à la quelle je n'ay pas voulu repondre à cause de ses duretez; je Vous fis icy le recit de ce qui se passa entre Luy et moy; comment aprez Luy avoir communiqué mes remarques sur son livre, il les publia comme ses propres corrections, ne me laissant que les observations de ses fautes d'impression et me comprenant ainsy dans le nombre de ceux dont il se moque d'un air mepriseur et des quels il dit qu'il renvoye humillimam in numeris contexendis diligentiam tabularum et ephemeridum conscriptoribus; je Vous contay aussy comment Mr. Cheynes me traita si barbarement sur les plaintes que je Luy fis de ce qu'il venoit de commettre ce plagium sans faire mention de moy autrement que d'un calculateur d'Ephemerides qui ne s'arrete qu'à examiner les erreurs de calcul; quoyque effectivement toutes les remarques que Mr. Cheynes a publiées sous le titre de Addenda et Adnotanda luy fussent communiquées par moy, les quelles aussy il ne fit que copier mot pour mot de ma lettre, le peu qu'il y a changé ou ajouté n'ayant abouti qu'à commettre de nouvelles beveues et erreurs. En fin je Vous en fis icy un long detail, Vous paroissiez comprendre le tort et l'injustice que Mr. Cheynes m'avoit fait en m'otant le mien et en m'attribuant le vilain metier de faiseur d'almanach. Vous paroissiez aussy indigné de la noire ingratitude dont il me paya ensuite pour comble de malheur, en m'ecrivant une lettre la plus barbare et la plus outrageante qu'on vit jamais: Vous luy ferez donc s'il[5] Vous plait de serieuses remontrances, que s'il reconnoit de m'avoir offensé grievement, je Luy pardonneray de bon coeur; mais s'il ne le fait, je l'abandonne à son orgueil, et je me contenteray d'informer par occasion le public de ce qui s'est passé.

File icon.gif Ma Femme au reste qui est en couche d'un garçon pour la seconde fois depuis que Vous etes parti d'icy[6] Vous fait bien des compliments, comme aussy mes Enfans et mon Neveu qui souhaiteroit bien de Vous aller voir chez Vous si le voyage n'etoit pas trop long et trop cher. Je suis avec un attachement inviolable Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur J. Bernoulli.

Bâle ce 5. Mars. 1712.


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. [Text folgt]
  4. [Text folgt]
  5. Im Manuskript steht "si".
  6. [Text folgt]


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