Bernoulli, Johann I an Crousaz, Jean Pierre de (1717.11.20)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750
Ort [s.l.]
Datum 1717.11.20
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.7
Fussnote Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. de Crousaz"



File icon.gif ce 20. 9bre 1717

Monsieur

J'ai reçu le paquet, que Vous m'avez fait la grace de m'envoyer contenant un exemplaire de Vôtre Geometrie et un autre de Vôtre satyre de l'education des enfans;[1] Je Vous en suis infiniment obligé; non seulement j'ay lû la dedicace et la preface de la Geometrie, mais j'ay parcourû tout le livre, pour voir si Vous y observez un meilleur ordre, qu'on ne voit dans les elemens donnés par d'autres; effectivement Votre methode me plait assez et me paroit plus à la portée des jeunes gens que celle qu'on suit ordinairement: Vous etes un peu long, il est vraj, sur des choses assez triviales, mais avec cela Vous etes clair et intelligible, on ne sçauroit trop inculquer aux novices les premieres verités, qui leur doivent servir de base pour y bâtir les plus solides connoissances des Mathematiques; il vaut mieux s'arreter un peu plus long temps aux commencemens et se les rendre bien familiers à fin de faire ensuite des progrés avec plus de facilité. Vous avez raison, qu'il s'y est glissé des fautes et je crois en grand nombre, car j'en aj remarqué plusieurs, quoique je ne l'aye parcouru que legerement: File icon.gif quand l'errata que Vous avez envoyé en Hollande sera imprimé, je Vous prie de m'en faire part. Quant au reste j'auraj soin de recommender Vôtre Geometrie à ceux qui voudront commencer l'etude des Mathematiques. Je viens à vos Nouvelles maximes sur l'éducation des Enfans; Vous ne sçauriez croire le plaisir, que ce livre m'a causé; je l'ai lû, que dis-je! je l'aj devoré en moins d'une soirée, asseurement j'en aj eu autant ou plus de satisfaction qu'en lisant une des plus belles commedies de Moliere; le ridicule de la mauvaise education, qui est aujourdhui à la mode, y est agreablement developpé; La grotesque morale que Vous turlupinez si agreablement au chap. premier, est une naïve description de celle qui est aujourdhui la plus pratiquée dans le monde et j'ose bien dire ici dans ma patrie en particulier; il semble que Vous ayez eu en bute notre ville; lorsque l'envie Vous prit d'ecrire Vôtre satyre; car ici les vertus, les sciences, les arts, enfin les veritables merites ne sont estimés qu'autant qu'ils sont propre pour gagner de l'argent. Vous allegués fort à propos page 73 le vers latin si fueris dives.[2] Mais Vous deviez ajouter cet autre pour l'amour de notre morale à la mode Si nihil attuleris ibis Homere foras.[3] Les sottes extravagances commises par Sacheverel et Atterburj meritent bien, que Vous les ayez produits sur la scene File icon.gif p. 108,[4] mais pour achever le triumvirat, il me semble que Vous n'auriez pas mal fait de leur joindre pour compagnon le Docteur Snape, ennemi juré du bon Eveque de Bangor.[5]

Je suis avec tout l'attachement possible Monsieur Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli.


Fussnoten

  1. Crousaz, Jean-Pierre de, La Géométrie des lignes et des surfaces rectilignes et circulaires, 2 tomes, Amsterdam 1718; Crousaz, Jean-Pierre de, Nouvelles maximes sur l'éducation des enfans, Amsterdam 1718
  2. Vgl. das lateinische Sprichwort"Si fueris felix multos numerabis amicos"
  3. Ovid, Ars Amatoria II, 280
  4. Francis Atterbury (1663-1732) und Henry Sacheverell (1674-1724), englische Kleriker, taten sich als reaktionäre Pamphletisten der Tories und der High Church hervor
  5. Andrew Snape spielte eine Rolle in der sogenannten "Bangorian Controversy", einem theologischen Streit innerhalb der "Church of England". Vgl. William Law, The Bishop of Bangor's late sermon, and his letter to Dr. Snape in defence of it, answer'd : And the dangerous nature of some doctrines in his preservative, set forth in a letter to his lordship, London 1717 und öfters


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