Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1727.11.11)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1727.11.11
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.145-146
Fussnote



File icon.gif Monsieur et tres honoré Ami

Celleci n'est que pour Vous accuser la reception du paquet que Vous m'avés adressé pour Paris, et pour Vous dire que dés le lendemain je l'ai remis à la poste comme aussi la lettre pour Mr. Wolhuse. Votre saillie sur la conduite de mes Juges est également juste et ingenieuse; ils ont eu pour ma piece le voluisse en la couronnant du parfum, et pour celles de mes rivaux le dedisse, en les regalant du sonnant solide. Mais avec tout cela si j'étois un animal glorieux j'aurois sujet d'etre plus content de mon sort que mes Rivaux du leur, par ce que ce ne sont que les Dieux qu'on encense, au lieu que les hommes mortels doivent se contenter de dons et de presens qui meurent avec eux. Il ne faut pas douter que Mrs. les Plenipotenciaires ne m'ayent vû par les grilles avant que d'aller au jugement, car Mr. de Mairan qui en étoit un m'a ecrit en termes exprés, qu'ils avoient d'abord soupçonné que ce ne pouvoit étre que moi ou quelqu'un de ma famille qui fut l'Auteur de ma piece, et qu'ensuite ils m'avoient reconnu entierement pour tel: Ainsi ma faute est d'avoir trop bien fait et d'avoir été celui pour lequel on m'a reconnu. Je souhaiterois d'avoir en double les pieces de mes concurrents, pour pouvoir Vous les envoyer; mais ne les ayants que simples il faut que je les File icon.gif garde pour les avoir quand l'envie me prendroit de les critiquer publiquement comme elles le meriteroient tres bien: Cependant je pourrois bien Vous les communiquer pour la lecture, mais je n'oserois pas interrompre Vos occupations que Vous donne Votre Commentaire, elles sont trop importantes pour le Public, pour les retarder; achevés le donc paisiblement pendant que Vous avés Mrs. Vos Censeurs en si bonne humeur: à propos de cette bonne humeur, elle me paroit un peu suspecte; souvenés Vous de la fable du Renard qui cajola le Corbeau pour avoir son fromage, la Courtoisie affectée de Vos Censeurs ne vient elle peutetre pas de vouloir Vous excroquer chacun un Exemplaire de Votre Ouvrage, qui sera à ce que me dit Mr. le Comte, qui en a vû le commencement, des plus beaux et des plus magnifiques, qui ayent vû le jour dans ce genre de matiere: Je Vous souhaite de la patience et une santé vigoureuse pour pouvoir finir heureusement un Ouvrage d'une si longue halaine. Depuis la cheute du Prince de Menzicof je n'ai point encore reçû de nouvelle de mon fils; quand j'en aurai je ne manquerai pas de Vous en faire part, quoique je Lui aye bien recommendé avant que de partir d'ici, de ne se meler pas d'ecrire sur des affaires d'etat de peur que ses lettres ne soient interceptées. Il faut esperer que cette catastrophe n'aura point d'influence sur l'etablissement de l'Academie. Adieu. Je suis toujours plein d'estime pour Votre merite Monsieur Votre treshumble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli

Bale ce 11. 9bre 1727.


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