Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1731.02.23)

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Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1731.02.23
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 667, Nr. 68
Fussnote Dieser Briefentwurf trägt am Briefkopf den Vermerk: "à Mr. Scheuchzer l'Ainé". Signatur und Datum sind autograph. Die Abfertigung dieses Briefes ist in der ZB Zürich nicht erhalten



File icon.gif Monsieur et trés honoré Ami

Vous avés bien fait de rompre V.e silence, car je craignois que ce ne fut l'effet d'une Indisposition: Vous aurés sans doute réçû ma dern.e lettre, qui étoit une reponse à celle que M.r Escher m'avoit remise de V.e part en main propre; ce n'est pas pour rien que j'étois en peine de ma lettre dont je parle, vôtre silence m'ayant aussi fait soupçonner qu'elle pouvoit etre interceptée par des gens qui trempoient dans l'affaire de la faux monnoyerie puisqu'on m'a raporté qu'ils savoient que je correspondois avec Vous sur leur chapitre. À propos de cette affaire pendable partout ailleurs qu'en Suisse, Vous dites qu'elle a été eventée, cependant on n'a rien fait en justice qui fut digne de l'enormité du crime. Parturiunt montes etc. On en avoit fait grand fracas mais les coupables en ont été quitte pour la peur, ils sont bien fous s'ils ne continuent leur beau metié lucratif puisqu'ils peuvent le faire à si bon marché et sans risquer beaucoup. J'ai une lettre préte pour l'envoyer demain à mon fils à Petersb., où je n'ai pas manqué de lui recommander de mon mieux le jeune homme dont Vous me parlez; Si mon fils peut contribuer quelque chose à son avancement, soyés assuré qu'il n'epargnera rien de tout ce qui sera en son pouvoir, il est vrai selon ce qu'il m'a écrit il y a quelque tems, qu'il est maintenant beaucoup plus difficile qu'au commencement de placer tous ceux qui souhaiteroient d'entrer dans l'acad. de Petersb., vû que depuis que l'on s'aperçoit que les Academiciens sont payés reguliérement et qu'on File icon.gif leur tient religieusement tout ce qu'on leur avoit promis, le nombre de ceux qu'offrent leurs services sans étre recherchés devient tous les jours plus grand. Encore un obstacle que mon fils rencontrera c'est que M.r le Presid. Blumentroost (dont mon fils étoit grand favori) a eu le malheur d'encourir la disgrace de la cour, je n'en sai pas la cause. Quoiqu'il en soit mon fils a encore d'autres Patrons mais c'est à savoir s'ils sont tous de bons Mecénates. Enfin il faut attendre la reponse, quand j'en aurai je Vous la communiquerai incessamment. Je me souviens que j'ai expedié une de vos Lettres à M.r de Blumentroost il y a un ou deux [mois,] mais je n'ai jamais apris s'il l'a réçuë ou s'il Vous a repondu.

Vos observations Barometriques sur la montagne de S.t Gothard seront sans doute aussi utiles que curieuses, je ne Vous refuserai pas les reflexions que j'y ferai, si Vous m'en croyés capable. Je ne saurois Vous indiquer personne qui eut fait des observations Barometriques pour la fin de l'année 1708 et commencement de la suivante 1709, qui fut l'epoque mémorable du grand hyver. Nos gens d'ici ne sont curieux ni attentifs, qu'à ce qui leur porte de l'utilité, et moi je n'ai pas le tems de m'amuser à cette sorte d'occupation; mes etudes qui sont toutes différentes ne le permettent pas. Nous avons fait ici les mêmes observations sur le changement considerable de l'air et par conseq. du Baromêtre; en voici quelques circonstances; Le 3., 4. et 5. de ce mois nous eumes un froid fort rude, mais le 6.e jour de la nouvelle lune l'air se radoucit, le mercure du Barom. qui avoit commencé le jour précédent de descendre, descendit encore d'avantage sur le soir comme aussi le lendemain matin il neigea quoique modiquement mais l'aprés midi la neige augmenta melée de pluye se changeant enfin vers la nuit du mecredi au Jeudi toute en pluye, l'air étant fort temperé; ce qui dura jusqu'au matin File icon.gif du Jeudi, lorsque la neige recommença à tomber le plus fortement, continuant de plus en plus durant toute la nuit du Jeudi au vendredi avec telle abondance que je trouvai ce jour là la neige haute de 4 pieds; entre 4 et 6 heures il fit des eclairs accompagnés de plusieurs tonnerres, quelques uns veulent avoir senti un tremblement de terre mais il peut bien étre que ce n'a été qu'un coup de tonnére. C'est ce matin là du Vendredi 9 du mois que j'observai le Barométre si bas, que je n'ai jamais rien vû de pareil; le mercure n'ayant que 26 pouces et 2 lignes de hauteur mesure de Paris c. a. d. un pouce et 2 lignes plus bas que la hauteur moyenne ou mediocre qui est ici de 27 p. 4 l. Les Jours suivants le mercure monta peu à peu, quoique neigeant continuellement mais moins abondamment; ensorte que lundi 12. la neige se trouva haute de 6 pieds. Le tems s'eclaircit le mercure remonta vers le 13.e jour du premier Quartier, se trouvant à 28 p. 3 l. de haut ce qui est ici une hauteur extraordinaire, de sorte que dans un terme de 4 Jours le mercure a passé d'une plus grande extremité à l'autre, ayant parcouru l'intervalle de 2 pouces 1 l. Pendant ces 4 jours là le froid redevint fort âpre et piquant, le Rhin ayant charié force glaçons, marque certaine d'un froid fort penetrant: la pleine lune de hier radoucit l'air le mercure redescend avec precipitation, et aujourdhui il est deja beaucoup audessous de sa hauteur moyenne. Si cela continue nous aurons de nouvelles neiges à craindre. Voilà les principales particularités. Je suis au reste avec mon attachement ordinaire sous la protection de Dieu M.r [...] J. Bernoulli

Bâle ce 23. fevr. 1731


Fussnoten

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