Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1719.04.23)

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Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1719.04.23
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 119*
Fussnote



File icon.gif Monsieur mon Trescher Patron

J'ay lû vôtre derniere du 12.e[1] avec un grand plaisir, voyant surtout que vous avés le même sentiment touchant la harangue de nôtre declamateur,[2] que touts les honnêtes gens de nôtre ville, et qu'en aura tout le monde, qui examine les choses sans passions; Mon frere, à ce que vous voyés, se donne l'honneur de vous ecrire là dessus un peu amplement ce qui fait que je n'en diray plus rien.[3]

La semaine passée Nos Seigneurs ont donné une Sentence fort juste et fort raisonnable sur l'affaire de M.r l'Econome Bodmer, son terme de deux Ans de suspension êtant expiré, qui consiste en ce, que trois Mess.rs Ecclesiastiques et trois autres du Senat ont ordre de le faire venir sur la Maison de la Ville, et de luy faire entendre la Sentence que l'on a donnée contre luy il y a deux ans, en suite de luy demander sur cela sa déclaration, sans pourtant luy faire des questions sur la Religion; Ainsy qu'il n'a qu'à faire une declaration en faveur de la confession Helvetique, et de detester ensuite touts les Dogmes qui sont contraires à cette Confession: On compte même que cette semaine il rentrera dans le Grand Conseil: Quelques uns du Grand Conseil ont eû la hardiesse de faire son Eloge au depit de touts ses Ennemis, qui auroient plustôt voulû le faire venir devant le tribunal des Mess.rs les Chanoines, à fin de le faire tomber dans le panneau par des questions epineuses et purement problematiques, car il faut sçavoir, qu'il fait profession de vouloir suivre en tout la Confession Helvetique, comme qu'il avoit fait toujours.

L'empereur à la Lune[4] se trouve par tout, à ce que je vois, Tout est comme icy, mais il faut avouër que j'ay de tres fortes raisons à me taire, lors que je vois, que Vous, etant l'honneur de Vôtre Patrie et le bien aimé de toute la Republique des Lettres, que vous, dis je, venés d'etre fort mal recompensé pour Vos peines infinies, que vous avés employé pour le bien de Vôtre Ecole,[5] c'est bien le Diable, que des merites aussy eminents ne sont jamais reconnu, que lorsque celuy qui en êtoit le possesseur est mort. Cette Histoire me fait craindre serieusement, que l'on travaille par tout à introduire un Barbarisme et de suffoquer touts les Etudes qui ont une solidité reelle, c'est un avantage File icon.gif tout clair pour les ignorants, et un acheminement plus que certain pour un etat pire que le Papisme. Quant à moy j'attend avec impatience l'assemblée generale des Recteurs de Nôtre Bibliotheque, à fin que je puisse dire mon Sentiment sans deguisement, et pour me pouvoir debarrasser d'un fardeau, sous le quel je succombe presque tout à fait, et que je soutiens deja prés de 4 Années, au moins que les Curateurs ne prennent une resolution ferme de me recompenser, ce qui se fairoit indubitablement, si je n'avois pas un assés grand foible, qui consiste en ce que je dis toujours librement ce que je pense, du quel pourtant je ne sçaurois jamais me defaire, estimant toujours infinement plus d'être honnethomme, que de me rendre infame à moy même, et à tout ce qui a les mêmes Sentiments avec moy, par une complaisance aveugle pour la corruption.

Je me suis bien figuré, que l'affaire de Vôtre Rhin aura finalement une suite à peu prés semblable à celle que Vous me fites l'honneur de me communiquer: par la maniere que j'ay eu l'honneur de vous dire on auroit toujours reüssy avec plus de facilité, outre que ce seroit eté un travail pour presque toute l'Eternité, pouvant être entretenu avec fort peu de frais; pour 14000 fl. on en auroit achevé plus de trois quarts à ce que je me figure; Car vous sçavés mieux que moy que dans un Quay, bien que l'Eau penetre par les interstices de la terre, on travaille infinement plus commodement, que dans l'eau même, la hauteur de l'eau toute seule, egale à celle du Rhin, êtant capable de ruiner toutes les entreprises et touts les travaux les plus forts: et j'ay peur, que l'on ne soit obligé finalement à entreprendre ce moyen aprés toutes les depenses faites inutilement, outre que je m'etonne furieusement, que l'on n'a pas eû le bonheur de suivre vos advis, ou bien de Vous en demander toujours. Du reste cette histoire est une preuve convainquante, que dans des choses pareilles il ne faut pas seulement des gens d'une experience toute nüe, et sans aucune Theorie, mais qu'un entrepreneur doit être conduit par des gens d'un raisonnement solide et parfaitement entendu dans la Theorie.

File icon.gif Mon ouvrage[6] continüe toujours à être imprimé, il y a deja un Alphabet hors de la presse, je m'imagine que ce soit à peu prés le tiers ou quelque chose de plus, car le tout n'est pas encore couché par ecrit. Quant à la Methode,[7] que j'ay pris la liberté de Vous envoyer, faites de ces deux Exemplaires, ce que Vous trouvés à propos, mais pourtant avec cette condition, que Vous disposiés de tant d'exemplaires que vous voulés, tout ce que j'ay attend vos ordres, que j'attend toujours avec impatience: Je vous dois tout, et ce tout comprend moy même; Je vous supplie donc, aprés avoir assuré de mes tres humbles Respects Madame Vôtre chere Epouse, et toute Vôtre belle famille, d'être persuadé, que je ne sçaurois jamais exprimer avec assés de justesse, combien que je suis Monsieur et Trescher Patron Votre treshumble et tresobeissant Serviteur D.r Jean Scheuchzer.

Zuric ce 23.e Avril 1719.

File icon.gif A Monsieur

Monsieur Bernoulli, Trescelebre Docteur

en Medecine et Professeur en Mathematiques,

des Academies Royales de France, d'Angleter-

re et de Prusse

à

Basle.


Fussnoten

  1. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1719.04.12.
  2. Hofmeister, Johann Kaspar, Oratio secularis de magnis in Ecclesiam Tigurinam, inde a primo ad ejus ad secundum a reformatione jubilaeum, collatis a Deo beneficiis, in: Seculare sacrum in honorem Dei ter opt. max. ob ecclesiam ab erroribus in doctrina, in cultu a superstitione, et rempublicam a servitute et contemptu clericali, ducentis abhinc annis, ministerio M. Huldrici Zuinglii, feliciter liberatam ... celebrabunt Joh. Caspar. Hofmeisterus, ... David Holzhalbius, ... Joh. Jacob. Reutlingerus ..., Tiguri [Zürich] (D. Gessner) 1719, pp. 3-36.
  3. Johann Jakob Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1719.04.00.
  4. Johannes Scheuchzer bezieht sich hier auf Nolant de Fatouvilles 1684 uraufgeführtes Stück Arlequin empereur dans la lune, in dessen Schlussszene Harlekin über den Verfall der Sitten im Reich des Mondes berichtet, worauf seine Zuhörerinnen im Chor "C’est tout comme ici!" antworten. Siehe den Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.06.
  5. Zu Johann I Bernoullis Beitrag zur Reform des Basler Gymansiums siehe die Anmerkung im Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1716.02.26.
  6. Scheuchzer, Johannes, Agrostographia sive Graminum, juncorum, cyperorum, cyperoidum, iisque affinium historia, Tiguri [Zürich] (H. Bodmer) 1719.
  7. Scheuchzer, Johannes, Operis agrostographici idea seu Graminum, juncorum, cyperorum, cyperoidum, iisque affinium methodus, Tiguri [Zürich] (H. Bodmer) 1719.


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